L’élue et le nécessiteux
"Vous pourrez ainsi vous amuser quel que soit votre âge avec la bonne conscience d'aider la recherche".
L'éditorial du dernier livret ARTS ET FRIMAS, nous a inspiré cette fable. Ce n'est ni en alexandrin ni du Jean de la Fontaine, c'est du senlisien, interloqué par cet écrit venant d'un élu. Comment peut-on lier la générosité qu'elle soit pour la recherche ou pour autre chose avec de la bonne conscience. Est-ce donc cela la morale et le sens des valeurs de Senlis Alternative? A vous de voir…..
Par un frimas du mois de décembre,
dans une ville née au moyen âge,
Le conseil et tous ses membres
ordonnèrent de faire de noël un village.
L’adjointe sans aucune autre alternative,
En pâmoison devant l’originalité de cette initiative
distribua sans compter maintes livrets et publicités,
invitant les administrés à faire preuve de générosité
par de menus dons aux associations caritatives
toujours prêtes à accueillir de bonnes initiatives.
Aussi pour se donner bonne conscience
en vue de leur donner une seconde chance
chacun fut prié de s’alléger de son argent
pour les nécessiteux, malades et indigents.
Le jour venu, le conseil et l’adjointe,
Défilèrent en procession les mains jointes
flanqués de leur garde et de leur aréopage
en contemplant dépités un morne village.
Niché au pied de la cathédrale et de sa rose,
qui un instant devenu de ce village son beffroi,
l'élue découvrit non sans un certain effroi
Que les chalets avaient portes closes.
Le conseil était il est vrai en plein désarroi
car chez ces gens là qui se désespèrent d’être sans roi
entretenir ses bonnes œuvres est de bon ton
autant que de montrer sa charité au téléthon.
S’approchant des chalands et des marchands
elle s’enquit prestement de ce coup de sang.
Un malheureux la main tendue en avant
releva la tête et lui répondit vertement.
Nous n’avons pas besoin de votre générosité
tant que votre cœur souffre de tant d’aridité.
Gardez près de vous votre bonne conscience
en échange de votre condescendance.
reprenez donc votre menue monnaie madame
Rien ne vaut le prix du repos de votre âme.
Nous souffrons assez comme cela ne notre déchéance
la pauvreté n’a pas la valeur par essence.
Ne nous délestez pas de notre dernière félicité
De notre amour propre et de notre dignité.
Ainsi le conseil et l’élue repartirent tout étourdis
Sans comprendre qu’on achète pas son paradis.