Chronique d’une petite lâcheté
C’est l’histoire d’une petite fille. Elle est née comme on dit pudiquement, différente, de ces différences qui nous mettent parfois mal à l’aise. Elle est aimée, choyée par ses parents.
Cette petite fille est scolarisée dans une école avec des enfants de son âge. C’est certain, son avenir n’est pas forcément radieux, comme beaucoup de ces enfants, Tôt ou tard elle devra quitter le milieu scolaire, ses parents devront lui trouver plus tard un structure adaptée.
Elle est suivie depuis 6 ans par une Assistante de Vie Scolaire (AVS) . Contrat précaire, supervisé par l’administration, géré par des bureaucrates isolés dans leur tour d’ivoire. Pendant ces années la petite fille a progressé, elle sait même lire, on perçoit dans son regard de l’amour, de l’innocence. Elle aime sans condition, sans calcul. Pendant un temps elle a vécu comme tous les enfants de son âge.
Le contrat de son AVS à cessé et une commission a décidé qu’elle n’avait plus sa place dans l’école.
Ses parents ont fait un recours. Humiliant, 20 minutes pour décider de ce qui est bien pour elle. Ces personnes, professionnels, spécialistes du handicap, ne se sont jamais déplacées pour la voir évoluer. Mais eux « savent mieux » parce qu’ils sont déconnectés du lien affectif qui pourrait altérer le jugement. Peut-être, pourquoi pas. L’équipe enseignante avait pourtant donnée un avis favorable à son maintien.
Les parents n’ont pas été appelés, réconfortés. Même pas un « je suis désolé, je vous comprends », un peu d’humanité. Non juste un fax, laconique. On ne peut pas faire d’exception. C’est vrai un fax ça n’a pas d’émotion, et on n’entend pas dans sa voix l’étranglement du à la gêne de l’impuissance devant l’implacable décision administrative.
Aujourd’hui, son AVS est au chômage, cette petite fille va se retrouver seule avant d'être brinqueballer d’un endroit à un autre, ses parents sont-ils partagés entre résignation, espoir, solitude. Et la vie va reprendre son cours….
phil